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Rencontres du Recteur

Le Recteur Badran donne un discours sur « L'Université Libanaise - Réalité, défis et vision d'avenir » à l’École de commandement et d'état-major Fouad Chehab

L’École de commandement et d'état-major Fouad Chehab de l'armée libanaise a accueilli le Recteur Bassam Badran, qui a donné un discours sur « L'Université Libanaise - réalité, défis et vision future », en présence du général de brigade Mohamed Bitar.

 

Discours :

Je me sens honoré et privilégié de faire partie de ce groupe béni de commandants, qui ont promis honneur, sacrifice et loyauté à Dieu et à la nation, et qui ont été fidèles à leur engagement. Je remercie ceux qui m’ont donné l’occasion de participer à cette réunion, le général Joseph Aoun et le général de brigade Mohammed Bitar. Je salue tous les officiers présents et à qui je voudrais parler de l’Université Libanaise, de sa réalité, ses défis et sa vision future.

 

Pendant mes années d’études à l’Université Libanaise, j’ai vécu la joie de la réussite et de l’accès au savoir fourni par des professeurs compétents. J’y ai aussi connu la souffrance de la plupart de ses étudiants, surtout ceux qui viennent de la campagne ou qui appartiennent à la classe moyenne et défavorisée. C’est ainsi que j’ai gravi les échelons en tant qu’enseignant-chercheur et directeur d’un de ses laboratoires, puis en tant que doyen d’une de ses plus grandes facultés, jusqu’à la présidence que j’ai l’honneur d’occuper aujourd’hui.

 

Je n’ai pas mentionné ces postes pour me vanter, Dieu m’en garde. La chose la plus importante que j’ai apprise et que j’enseigne à mes étudiants est que l’avancement dans une position doit s’accompagner d’humilité pour que l’équation de la force et de la moralité soit complète. Je l’ai mentionné pour commencer à décrire la réalité de l’université dans sa simplicité en tant qu’environnement intégré, composé d’un étudiant qui cherche son avenir à travers elle, d’un professeur qui travaille sur son terrain dans les meilleures professions humanitaires, qui transmettent le savoir et contribuent à sa production, et d’une administration universitaire centrale qui gère tous les travaux et activités de l’université, qui compte aujourd’hui environ soixante-dix mille étudiants. Les étudiants, les professeurs et les employés sont répartis sur plusieurs sites à travers le pays.

 

L’Université Libanaise, la réalité nationale et ses répercussions sur elle.

 

L’Université Libanaise est l’université de la nation qui brille par son visage civil haut de gamme et son emplacement naturel à la même distance de tous ses habitants et de toutes les composantes libanaises. Elle cherche à établir des valeurs humaines dans l’âme des citoyens, loin des héritages haineux dont souffrent notre pays et notre société. Afin de dresser un tableau de la réalité de l’université et de son emplacement, il est nécessaire d’examiner la géographie de sa propagation et les antécédents de son expansion et de son inclusion dans diverses régions libanaises.

 

Depuis sa création en 1953, notre université a été confrontée à des défis majeurs. Le plus important d’entre eux a été de faire face aux répercussions des guerres internes sur elle, à l’instabilité politique et sécuritaire, et aux secousses qui ravageaient la nation, comme celles qui se sont produites en 1977. L’université a dû y faire face avec patience et détermination, afin de préserver son existence, de continuer et d’avancer.

 

À l’époque, le maintien de l’unité de l’université était le plus grand défi, étant donné les conditions difficiles qui affligeaient notre petite patrie. Le gouvernement a publié le décret législatif n° 122, daté du 30/6/1977, qui légalisait la création de sections dans les gouvernorats, sans préjudice de l’unité de l’université en termes d’administration centrale, de programmes, de cursus et de budget. Cela a permis aux étudiants de poursuivre leurs cours dans les régions où ils ne pouvaient pas se déplacer librement d’une région à l’autre. Après la fin de la guerre, les sections sont devenues un besoin de développement social et académique par excellence. Les préserver, les développer et les étendre est devenu un devoir national et moral. Ainsi, l’université a gagné le pari de son unité et de la centralisation de son administration malgré son expansion, et s’est consacrée à un lieu de convergence et d’interaction entre ses professeurs et ses étudiants de différentes régions.

 

Cette expansion géographique est allée de pair avec l’élargissement des spécialisations, la modernisation des programmes, le développement de l’enseignement et son adaptation à l’époque grâce à l’utilisation des moyens modernes disponibles. C’est ce qui en a fait une destination pour les étudiants désireux de compléter leurs études supérieures et d’obtenir un certificat dont ils sont fiers.

 

Le 26 décembre 1967, la loi n° 67/75 sur la réorganisation de l’Université Libanaise a été promulguée, définissant les tâches, les départements et l’organisation administrative et financière de l’université. À l’époque, le nombre de facultés universitaires était de huit, et ni les facultés appliquées ni les écoles doctorales n’en faisaient partie. Au fil des années et de l’évolution des missions, il était naturel que des lois modifient des articles et en abrogent d’autres de la loi précitée. Aujourd’hui, notre université comprend dix-neuf facultés et instituts couvrant diverses spécialisations appliquées et théoriques, et ils sont regroupés en trois grands campus à Hadath, Fanar, et enfin au Nord. En outre, de nombreux bâtiments loués ou mis gratuitement à la disposition de l’université sont répartis dans diverses régions. Aucune autre université au Liban n’est comparable à la nôtre avec ce nombre de facultés et de spécialisations, cette ampleur d’expansion et ce grand nombre d’étudiants, de professeurs, de chercheurs et d’employés.

 

L’Université Libanaise et les défis auxquels elle est confrontée.

 

Cette vue panoramique de l’université, malgré sa beauté et la profondeur de son importance, nous a imposé de grandes responsabilités, et nous hante quotidiennement avec de grandes pressions, qui, malgré leur poids, n’affaiblissent pas notre détermination et notre décision décisive de défier les difficultés et d’affronter les répercussions de l’effondrement sans précédent que connaît notre pays, afin que nous puissions résister, nous développer, nous moderniser, et fournir le meilleur possible à notre société, à notre patrie.

 

Le premier défi est que nous, en tant qu’institution officielle, tombions dans le « moulin » des tensions politiques dans leurs différentes dimensions, ce qui a été le cas pendant des années jusqu’à aujourd’hui sans compléter la structure administrative et académique de l’université, comme pour la nomination de doyens en bonne et due forme, car ils sont tous aujourd’hui assignés par le Recteur de l’université. À l’heure où la loi n° 66 du 3/4/2009 stipule que l’administration de l’université est assurée par un Recteur et un conseil, cela n’existe pas aujourd’hui, sans parler de l’importante pénurie de professeurs et d’employés, dont plus d’un demi-million n’est pas autorisé à travailler, et de la vacance du poste de professeurs à temps plein. En outre, il existe des lois et des règlements qui ne répondent plus aux besoins, qui ne sont pas compatibles avec l’esprit du temps et qui nécessitent des modifications fondamentales, comme la loi n° 70/6, datée du 23/02/1970.

 

Tout cela entraîne des complications majeures qui entravent notre progression dans le traitement des questions administratives et académiques de base, sans lesquelles le travail et la vie quotidienne de l’université et de ses habitants ne seraient pas possibles, ce qui expose nos ambitions et nos aspirations futures à des retards et à des risques qui peuvent être évités.

Le grand défi auquel nous devons faire face est la rareté du budget, qui est devenu similaire au budget de l’État libanais en ce sens que, s’il est émis, il est limité à un pourcentage élevé de plus de quatre-vingts pour cent sur les salaires. Cette situation a un impact négatif sur le travail dans les laboratoires, la recherche, la formation et les partenariats avec les établissements d’enseignement supérieur au Liban et dans le monde. Elle contribue également à la destruction des infrastructures, déjà délabrées en raison de leur état. Nous ne nous tromperons pas en disant que nous sommes capables d’entretenir correctement les bâtiments, de rectifier et de réparer tous les défauts, ou de remplacer les équipements obsolètes par des équipements plus avancés. Par exemple, le campus universitaire Rafic Hariri à Hadath, dont le coût de construction s’est élevé à environ 250 millions de dollars, sur une surface égale à un million de mètres carrés, est comparable aux meilleurs complexes du monde, et il est fréquenté quotidiennement par environ vingt mille personnes, et il contient des bâtiments résidentiels pour deux mille étudiants. Un montant d’environ cent mille dollars a été alloué annuellement à cette grande place et à ce qu’elle contient pour son entretien et son fonctionnement, ce qui est tout à fait insuffisant. C’est pourquoi nous entendons sans cesse des protestations à cause des pannes qui se produisent ici et là. Il se peut que nous ne soyons pas en mesure de les résoudre toutes, même si nous y parvenons avec les modestes moyens dont nous disposons.

 

L’Université Libanaise : optimisme, succès et vision pour l’avenir.

 

Les crises résultant de la réalité politique, économique et financière de l’État libanais nous ont incités à chercher des solutions en dehors de la norme et à faire tout notre possible pour remédier à la pénurie financière grâce à de nouvelles idées visant à transformer l’université en une université productive, sans affecter le niveau de l’enseignement de haut niveau ni la capacité à produire de la recherche. Pour que notre université maintienne son leadership, ses progrès et sa présence aux niveaux local et mondial, elle a obtenu et continue d’obtenir les premières places dans les classements internationaux, devant les universités libanaises et régionales.

 

Ces visions et ces ambitions ne sont pas restées dans le domaine des rêves, mais le processus de leur transformation en réalité a commencé par les étapes suivantes :

 

  1. Développer les cursus et les programmes et les axer davantage sur les compétences pratiques, en particulier au niveau de la maîtrise et du doctorat, adapter l’éducation à la modernité par l’utilisation de la technologie dans le processus éducatif, et renforcer l’utilisation de l’Internet dans l’éducation. Il ne s’agit en aucun cas de l’enseignement à distance tel qu’il peut être compris, ou tel qu’il s’est produit pendant les périodes de fermeture dues à la pandémie de Covid-19, ou tel qu’il pourrait se produire sous le prétexte des conditions économiques difficiles et de son impact sur la situation de ses enseignants. Le Rectorat de l’université a pris conscience de la gravité de ce défi et a agi dans plusieurs directions pour le relever, en particulier avec le gouvernement, car nous avons demandé d’urgence que justice soit faite pour les professeurs et les employés, et l’État a répondu avec gratitude, et c’est ce qui nous permettra de revenir avec certitude à l’enseignement en présentiel et interactif, et de ramener la cadence du travail administratif et académique à un état presque normal.
  2. Promouvoir la recherche scientifique, l’innovation et l’entrée sur les marchés du travail à travers ces portes, et construire des partenariats avec le monde de l’industrie et du travail, à l’intérieur et à l’extérieur du Liban.

 

C’est là tout le sens de notre vision pour le présent et l’avenir de l’université.

 

Notre université est dotée de compétences scientifiques, notamment de chercheurs de haut niveau, d’universitaires, d’intellectuels, d’ingénieurs, de juristes et de médecins, ce qui lui permet de jouer un rôle majeur dans le processus de production et d’entrer sur les marchés du travail par ses larges portes. L’université a pris des mesures dans ce sens. Par exemple, le partenariat avec le « Talal Abu Ghazaleh International Group » pour la construction d’une usine d’assemblage d’appareils électroniques et intelligents. Cette usine offrira des possibilités d’emploi, de formation et de recherche aux professeurs et aux étudiants, et l’université bénéficiera d’un retour financier indispensable.

 

Il n’y a pas de secret sur le grand rôle que l’université a joué pendant la pandémie du Covid-19. Malgré la grande « arnaque » qui a englouti les droits financiers de l’université, nous continuerons à envisager avec optimisme la nécessité de rétablir les droits financiers de l’université auprès de Middle East Airlines et d’autres sociétés internationales. Ce qui s’est passé ne nous empêchera pas de rester à l’avant-garde de la défense de notre peuple et de notre société face à tous les problèmes de santé auxquels elle peut être confrontée. À cet égard, il me reste à souligner que nous avons commencé à mettre en œuvre le projet de création d’une usine pharmaceutique et d’un laboratoire central, dont nous ressentons tous un grand besoin, dans le cadre d’un partenariat avec le secteur privé. Cela permettra au Trésor et au peuple libanais d’économiser d’énormes sommes d’argent, et l’université disposera d’importants domaines de formation, de recherche et d’études, ainsi que d’une ressource financière qui l’aidera à mener à bien sa mission.

 

L’Université Libanaise : Une vision vers l’internationalisme.

 

L’effondrement économique et financier au Liban a eu des répercussions négatives et graves sur l’investissement de l’université dans la recherche scientifique. Nous nous efforçons de surmonter ces répercussions et de combler ce fossé en élargissant les horizons de la coopération avec le monde développé et en nous engageant dans divers programmes de recherche, locaux avec le Conseil national de la recherche scientifique, et internationaux en renforçant nos relations internationales, en construisant des partenariats stratégiques et en les élargissant pour inclure le plus grand nombre possible d’universités et de centres de recherche dans le monde. Nous avons signé des accords de coopération et d’échange d’expériences académiques avec un grand nombre d’entre elles, ce qui a aidé les professeurs à mener leurs recherches dans de meilleures conditions qu’ici, et a aidé les étudiants en master et en doctorat à mener leurs recherches dans ces universités. L’un des exemples réussis de ces partenariats est l’expérience de l’École Doctorale des Sciences et Technologies, où le diplôme de doctorat a été délivré après une supervision conjointe par des professeurs de l’Université Libanaise et d’autres universités étrangères, françaises en particulier. Le diplôme est donc délivré par les deux universités concernées, après que l’étudiant a terminé ses études et ses recherches dans les laboratoires et les centres de ces deux universités. Cela implique la participation à de nombreuses conférences scientifiques internationales. Cela prouve la présence de l’Université Libanaise sur la scène scientifique mondiale.

 

Chers officiers,

 

Je voudrais revenir, avant de terminer, sur un sujet qui me tient particulièrement à cœur, et je ne dirais pas qui me préoccupe, à savoir comment développer, encourager et étendre les relations entre l’Université Libanaise et l’armée libanaise. Je voudrais ici souligner que nous encourageons les professeurs d’université à poursuivre leurs activités académiques à l’École militaire et au Centre de recherche et d’études stratégiques de l’armée, et à renforcer nos relations avec l’École d’état-major, où deux promotions de Master en sciences militaires ont déjà été diplômées en application d’un accord signé avec l’université.

 

Chers amis,

 

Tout édifice, quel qu’il soit, n’a aucune valeur s’il n’y a pas de bras pour le protéger.

 

Bénis soient vos armes qui défendent la terre, et béni soit le sang béni que vous avez donné en sacrifice pour la patrie.

 

Gloire et miséricorde à vos martyrs.

 

Vive l’armée libanaise, vive l’Université Libanaise, vive le Liban !

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