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Le Recteur Badran lance le dernier appel pour sauver l’Université Libanaise à l’occasion de son 71ème anniversaire

Le Recteur Bassam Badran a tenu une conférence de presse conjointe avec le ministre de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur, Abbas Al Halabi, au cours de laquelle ils ont discuté des affaires et des conditions de l’université dans les circonstances actuelles, en présence d’un certain nombre de doyens et de directeurs de facultés et d’instituts, d’enseignants, de personnel et d’étudiants.

Au cours de la conférence, qui était organisée à l’occasion du 71ème anniversaire de la fondation de l’université, le ministre Al Halabi a appelé les trois présidents à ne pas permettre l’effondrement de l’université, ni de ses enseignants, ni de ses employés, ni de ses étudiants.

Reconnaissant que les 104 milliards de dollars récemment approuvés pour augmenter la contribution de l’État au budget de l’université ne sont qu’une goutte d’eau dans l’océan de ses besoins. Al Halabi a appelé les enseignants et les employés à reconsidérer leur grève car les donateurs qui devraient allouer 35 millions de dollars à l’université ne paieront pas les employés qui ne vont pas travailler.

Le ministre a ajouté : « Je n’ai pas accepté et n’accepterai pas l’effondrement de l’Université Libanaise sous mon mandat, et il n’est pas approprié pour un fonctionnaire, quel que soit son titre et ses responsabilités accrues, que l’Université Libanaise s’effondre sous ses yeux. »

Al-Halabi a conclu : « Nous avons devant nous une occasion en or d’augmenter le budget de l’université pour lui permettre de résister et de préserver ses enseignants et ses étudiants. La conscience n’aura pas pitié de nous et l’histoire n’aura pas pitié de nous, si nous nous abstenons de prendre la décision fatidique au moment opportun. »

Quant au Recteur Badran, il a déclaré ce qui suit : « 71 ans se sont écoulés depuis la création de l’Université Libanaise qui continue à avancer grâce à la volonté de ses membres.

71 ans de luttes de la part de son corps enseignant et de ses étudiants qui ont permis à l’université de jouer un rôle de leader à tous les niveaux.

71 ans après, le nombre de diplômés de l’Université Libanaise s’élève à plus de 350 000, dont la plupart occupent les plus hautes fonctions au niveau local, arabe et international. Dès lors, est-il raisonnable pour l’université de renoncer à tous ces efforts déployés ?

Depuis que j’ai pris mes fonctions de Recteur, il y a quelques mois, je me suis efforcé de renforcer le processus de travail académique au sein de l’université, et de faire face aux problèmes dont elle souffre, en fonction des priorités.

Une fermeture totale de l’université, une grève du corps enseignant, une grève des employés à « contrat de réconciliation » et du personnel et une année académique suspendue en raison d’une série de revendications aussi chroniques que justifiées. J’espérais profiter du 71ème anniversaire de l’université pour lancer mon plan d’avancement et de développement de cette prestigieuse institution aux niveaux local et régional.

Nous avons pu relancer le processus universitaire sur la base de promesses de correction des salaires et d’équité envers le corps enseignant et les employés de toutes catégories.

Toutefois, ce qui s’est passé avant que l’université n’entre en grève générale, c’est que nous avons reçu de nombreuses promesses positives, et nous avons assumé la responsabilité de reprendre l’année universitaire, mais aucune de ces promesses n’a été réalisée alors qu’elles sont vitales et nécessaires pour la poursuite du travail dans toute université.

Toutes les forces et autorités concernées par le dossier de l’université ont annoncé publiquement leur soutien à ses justes revendications, et certaines d’entre elles sont même allées jusqu’à réclamer ses droits académiques, financiers et juridiques avec les plus hauts plafonds.

Mais rien n’a été obtenu sur la table de décision du Conseil des ministres. Au contraire, les droits, les demandes et les dossiers de l’université ont été négligés.

Est-il raisonnable que des forces politiques et non politiques interfèrent avec elle dans la mise en place de ses réclamations ? Malheureusement, cela ne se produit pas dans les universités du monde entier, mais c’est une réalité douloureuse à l’Université Libanaise !

Est-il concevable que des interventions et des conflits aient lieu au-dessus de la tête des membres de l’université afin de nommer les doyens de ses facultés et instituts ? Cela ne se produit dans aucune université du monde, alors pourquoi cela se produit-il à l’Université Libanaise ?

Est-il concevable que le droit de l’employé à « contrat de réconciliation » à recevoir son salaire mensuel soit l’une des revendications impossibles

Tout cela signifie que l’Université Libanaise est assiégée et menacée dans sa continuité et la permanence de son travail.

Comment est-il possible qu’un enseignant à l’université ne touche pas un salaire lui permettant de répondre à ses besoins du quotidien ?

Et comment est-il possible qu’un employé ne touche pas de revenu mensuel parce que son contrat n’a pas été approuvé par le Conseil des ministres et qu’on lui demande de se rendre quotidiennement à son poste de travail ?

Comment un retraité qui a passé sa vie au service de l’université et de la société n’aie plus la capacité de vivre dignement les années restantes de sa vie ?

Ceci sachant que de nombreux retraités travaillent encore dans les écoles doctorales, l’université ne pouvant les abandonner en raison de leurs expériences et réalisations.

Ainsi, comment une université comptant 80 000 étudiants peut-elle travailler avec un budget de 366 milliards de livres libanaises, ce qui signifie que le coût annuel d’un étudiant équivaut à l’équivalent actuel de 160 dollars, qui passe à 200 si nous y ajoutons les 104 milliards récemment approuvés pour couvrir les différences d’assistance sociale et d’indemnité de transport.

Ce petit montant devrait être consacré aux salaires et indemnités des enseignants et employés, de différents titres, en plus des dépenses d’entretien, des loyers des bâtiments et de toutes sortes de dépenses de fonctionnement dans les laboratoires et les centres de recherche des 67 unités universitaires réparties dans tout le pays.

Comment pouvons-nous consacrer 200 dollars pour un étudiant de l’Université Libanaise, alors que le minimum international se situe entre 4000 et 6000 dollars pour produire un niveau académique compétitif sur le marché du travail ? Il convient de noter que les frais d’inscription annuels pour un étudiant en cursus de licence équivalent à seulement 9 dollars.

C’est la réalité que nous vivons depuis le début de l’année universitaire en cours. Malgré ces embuches, nous avons obtenu le premier rang pour la réputation professionnelle de nos étudiants au Liban selon le « QS World Ranking », et nous avons gagné 100 points dans le classement général des universités du monde.

Il y a toujours eu une idée fausse au sein de l’opinion publique libanaise selon laquelle l’Université Libanaise a l’habitude de mener des grèves annuelles afin de réaliser des gains financiers !

En effet, les chiffres réfutent cette croyance. La demande d’augmenter le budget de l’université, de licencier ses enseignants, d’approuver les contrats de ses employés à « contrat de conciliation » et de nommer les doyens, contribue à la stabilité de l’université et s’inscrit dans l’intérêt de ses étudiants qui l’ont choisie pour deux raisons principales : le niveau scientifique compétitif au niveau local et international et le faible coût de l’enseignement.

Nous avons pu obtenir une aide sociale minimale pour tenir jusqu’à la fin de l’année universitaire. L’université a bénéficié d’une partie des ressources collectées à partir des tests PCR pour répondre à certains besoins financiers des enseignants, du personnel et des employés à « contrat de conciliation », mais ces ressources sont presque épuisées.

Certains diront peut-être comment un pays épuisé financièrement et économiquement peut financer ses institutions ?

Nous avons exigé un budget minimum qui nous permette de faire fonctionner les facultés et instituts de l’université. Dans le même temps, nous essayons, en coopération avec le ministre de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur, d’obtenir des fonds supplémentaires auprès des organismes donateurs, et nous communiquons avec plusieurs parties afin d’obtenir un soutien suffisant pour le début de la prochaine année universitaire. Mais nous n’avons pas encore pu passer du stade des promesses à celui de la réalité tangible.

Tout cela est en train de se produire, et l’université a des droits financiers qui sont en suspens depuis près d’un an auprès des compagnies aériennes locales et étrangères. Ces droits sont estimés à 50 millions de dollars américains résultant des tests PCR effectués par les laboratoires de l’université pendant la pandémie sanitaire mondiale.

Ces fonds sont toujours retenus et nous ne sommes parvenus à aucune solution avec les parties prenantes pour parvenir à un règlement. J’insiste sur le fait que le droit de l’université ne sera pas perdu et je demande aux autorités compétentes d’intervenir et de contribuer à résoudre ce litige.

L’obtention des droits de l’université, en plus de l’aide des donateurs, lui permettra de poursuivre et de développer ses ressources productives et ses institutions pour une période d’au moins deux ans, en attendant la réalisation du plan de développement économique et financier proposé par le gouvernement.

Je m’adresse à vous, aujourd’hui, pour vous annoncer que l’Université Libanaise est le joyau de l’enseignement supérieur au Liban. Elle compte 5 000 enseignants à temps plein et contractuels, représentant une expertise scientifique et de recherche provenant de 460 universités internationales prestigieuses d’Europe, d’Amérique et du monde entier. Toutes ces expériences interagissent sur le plan scientifique et de la recherche dans les salles de cours et les instituts de l’université.

Cet avantage est exclusif pour l’Université Libanaise qui, grâce à cette diversité, a pu offrir 462 filières spécialisées sur le marché du travail local, arabe et international. Cette diversité se retrouve chez les employés de diverses catégories qui détiennent des diplômes scientifiques variés.

En vous présentant cette réalité, je vous dirai franchement que l’université a commencé à perdre certaines de ces compétences.

Est-il raisonnable que les autorités se disputent sur le partage des quotas ?

Je ne vous cache pas que je reçois chaque jour des dizaines de demandes d’enseignants et d’employés souhaitant obtenir un congé non payé, sachant que certains d’entre eux quittent le Liban sans aucune procédure administrative ?

Cette réalité conduira inévitablement à l’incapacité d’avancer dans la prochaine année académique. C’est ce qui nous poussera, si cette réalité perdure, à reconsidérer la répartition géographique des sections de l’université et à les restructurer.

L’université dont les unités sont réparties sur l’ensemble du territoire national et qui a assuré le droit à l’éducation pour tous les groupes sociaux, conformément à sa fonction de développement, ne pourra pas achever la lutte entamée depuis des années, d’autant plus que 72% des étudiants appartiennent à la classe moyenne qui s’est complètement effondrée ?

L’université a permis à tous les groupes sociaux de s’instruire sans avoir à quitter leur résidence principale. Seuls 4% des étudiants ont dû chercher un logement temporaire, et l’université a obtenu 2000 lits pour ses étudiants dans les logements universitaires du campus Rafic Hariri à Hadath, qui est aujourd’hui en panne en raison du manque d’entretien nécessaire et de l’incapacité à payer les indemnités de fonctionnement !

Cette répartition a permis à environ 26% des étudiants de travailler en même temps qu’ils poursuivent leurs études pour aider leur famille compte tenu des conditions économiques difficiles.

L’Université Libanaise est menacée dans son existence, et elle ne peut faire face seule à ces défis ! Elle est la seule université capable d’accueillir des dizaines de milliers de vos enfants, mais, aujourd’hui, elle est abandonnée à son sort, comme si l’État la poussait à l’effondrement.

Devons-nous abandonner ?

Non, notre réunion d’aujourd’hui est placée sous le slogan du 71ème anniversaire de l’université. Ainsi, avec la volonté et la défiance nécessaires, nous allons continuer et avancer.

Nous sommes déterminés à relever les défis par la solidarité entre les composantes de l’université. Parents, étudiants, employés, enseignants, tous croient en leur rôle et en leur fonction, mais nous avons besoin du soutien de l’État.

À l’occasion du 71ème anniversaire de l’université :

Nous n’abandonnerons pas nos responsabilités envers elle. Nous continuerons à fournir nos compétences et notre équilibre scientifique et académique. Afin de les préserver et d’obtenir nos droits, nous n’en abandonnerons aucun, et nous protégerons l’université qui nous a beaucoup donné, à nous et aux Libanais.

Nous sommes dans une situation catastrophique. Si les personnes concernées ne se manifestent pas pour assurer les besoins de l’université à partir d’un budget qui répond à ses besoins, englobe ses enseignants et ses divers employés, et assurer un soutien suffisant pour l’éducation de plus de 80 000 étudiants, alors une génération de la grande majorité des Libanais abandonnera sans savoir et l’État portera la responsabilité de ce désastre.

J’appelle les communautés locales, en particulier les municipalités, ainsi que les organisations de la société civile et les organismes de soutien à aider et à participer activement au soutien des étudiants et des employés en fournissant des lignes de transport à bas prix en plus de certaines dépenses opérationnelles telles que l’obtention de tarifs réduits de 70% pour les services Internet pour tous les universitaires.

Nous espérons également que les donateurs accéléreront l’octroi de leur soutien à l’Université Libanaise afin de répondre aux besoins urgents.

Nous demandons également à l’État de renforcer le budget de l’université en fonction de ses besoins réalistes et de s’appuyer sur l’expertise de l’université pour préparer ses projets de développement et de réforme.

Nous lui demandons, aussi, de renforcer le budget de la Caisse mutuelle des enseignants et du personnel et doubler les cotisations au moins 10 fois, et de contribuer dans la collecte des droits universitaires auprès des compagnies aériennes.

Nous souhaitons obtenir les conditions nécessaires à la survie de l’université qui lui permettront d’augmenter ses ressources en renforçant ses secteurs productifs dans tous les centres de santé, de laboratoire et de traitement, et nous avons réalisé des progrès tangibles jusqu’à présent à cet égard, ce qui peut se refléter positivement sur les membres de l’université et la société libanaise.

Nous souhaitons également recourir aux énergies alternatives, et nous avons quelques offres afin d’atteindre la suffisance dans toutes les unités universitaires.

Nous souhaitons ouvrir des voies professionnelles spécialisées pour développer les compétences professionnelles et techniques de nos employés sur le marché du travail, en échange d’une indemnité qui correspond à la réalité économique au Liban.

Aujourd’hui, l’université est fermée et menacée si elle continue à être abandonnée, et ses dossiers restent dans le cercle d’attraction des parties politiques. Il est temps de prendre une position de conscience et de responsabilité qui donne à l’université le droit de pouvoir continuer, de préserver ses énergies et d’accomplir ses tâches au service de tous les Libanais.

La préservation de la patrie commence à l’Université Libanaise. Si l’université disparaît, la structure nationale se fissurera et ses piliers s’effondreront.

Ne nous laissez pas tomber afin de préserver la sécurité du savoir, la paix sociale et l’image du Liban.

Enfin, je tiens à remercier tous ceux qui ont effectivement soutenu l’université et porté ses dossiers avec sincérité et foi.

Je remercie les médias pour leur suivi constant des dossiers de l’université.

Je voudrais remercier le ministre Abbas Al Halabi, qui s’est toujours tenu à nos côtés de manière responsable et solidaire.

Protégeons l’Université Libanaise et préservons la nation ! »

 

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