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Le Resuff, un réseau engagé pour une université égalitaire

Dans le milieu universitaire, plus le niveau de responsabilité augmente, plus les femmes se font rares. Une réalité que veut changer le Réseau francophone des femmes responsables dans l’enseignement supérieur et la recherche (Resuff).

 

Malgré la pandémie du Covid-19, le Réseau francophone des femmes responsables dans l’enseignement supérieur et la recherche (Resuff), qui a pour mission de promouvoir l’égalité des genres dans l’enseignement supérieur et la recherche, a reconduit la formation en ligne sur le genre, qu’il avait déjà organisée en 2015, 2017 et 2018. La sélection des participants a été effectuée suite à l’appel à candidatures lancé avec le soutien de l’Agence universitaire de la francophonie (AUF) en septembre 2020. « La formation “Genre : concepts et approches” est assurée par l’Université Rennes 2. Elle revêt à nos yeux un intérêt stratégique puisqu’elle a pour objectifs d’offrir aux stagiaires les connaissances et les outils adaptés à l’exercice du leadership féminin et à véhiculer plus d’égalité entre les sexes à l’université », précise Leila Saadé, présidente du Resuff depuis 2015. Dix-neuf candidats et candidates suivent ainsi, depuis le 25 janvier dernier, trois modules en ligne leur permettant de s’informer sur la notion de genre, d’acquérir des outils pour l’exercice des responsabilités dans l’enseignement supérieur et la recherche et de promouvoir l’égalité au sein des institutions d’enseignement supérieur grâce à une prise en compte de l’approche fondée sur le genre et l’égalité des sexes.

Créé en 2015 à l’initiative de l’AUF, le Resuff compte aujourd’hui 90 membres institutionnels, associatifs et individuels, issus de pays de l’espace francophone, œuvrant pour la mise en place d’actions contribuant à la diffusion de la culture du genre pour une université égalitaire. Par le biais d’assemblées générales, de colloques, de formations sur le genre et de conférences, ce réseau fait la promotion de l’accès des femmes aux postes de responsabilité dans les établissements d’enseignement supérieur et de recherche tout en favorisant et en partageant les bonnes pratiques dans le domaine de l’égalité femme-homme. « Nous aurions pu penser que le milieu de l’enseignement supérieur et de la recherche serait égalitaire, puisqu’il s’agit d’un milieu académique et culturel. Or, la discrimination à l’égard des femmes à l’université est généralisée, quelles que soient les caractéristiques et les spécificités géographiques, économiques et politiques des pays, et cette situation s’aggrave quand nous touchons au domaine des sciences. Il apparaît clairement que, tous pays confondus, plus le niveau de responsabilité augmente, plus les femmes se font rares », regrette Leila Saadé.

La présidente du Resuff souligne que « malgré des avancées aussi bien au Liban qu’ailleurs et une progression du nombre des femmes occupant des postes de haut niveau de responsabilité qui doit être saluée, la parité requise, au nom du principe de l’égalité entre les femmes et les hommes, reste un horizon lointain ». En France, par exemple, d’après des chiffres communiqués par le ministère français de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, bien que les femmes soient majoritaires parmi les étudiants à l’université (58,4 %) et plus diplômées (47 % ont terminé leurs études avec succès, contre 33 % des hommes), leur pourcentage diminue en doctorat (48 %). Quarante-quatre pour cent des maîtres de conférences, 24 % des professeurs et seulement 15 % des présidents d’université française sont des femmes. Au Liban, bien que les femmes inscrites en doctorat soient majoritaires (58 %), le pourcentage des présidentes d’université tombe à moins de 8 %.

 

Des actions concrètes

Depuis sa création, le Resuff promeut, par le biais d’actions concrètes, l’égalité des genres dans l’enseignement supérieur et la recherche. Dans ce cadre, il organisera les 21 et 22 octobre prochain, à l’occasion de son assemblée générale, un atelier d’orientation stratégique qui accueillera, à l’Université de Coimbra au Portugal, des représentantes du monde francophone engagées sur la voie de l’égalité. Celles-ci témoigneront de leurs expériences face aux obstacles qui se dressent devant elles et mettront en lumière les mécanismes favorisant l’égalité dans les universités. « Cet atelier, intitulé “Le leadership féminin, levier de la transformation institutionnelle des universités”, permettra d’apporter la preuve que les femmes leaders, au vu de leur vécu, de leur engagement et de leur position décisionnelle, participent largement à la transformation institutionnelle de l’université par l’approche fondée sur le genre, qui véhicule l’égalité entre les femmes et les hommes et l’égalité des chances », explique Mme Saadé.

Le Resuff s’engage également, aux côtés de l’AUF et de l’Université du Québec à Montréal, dans un comité de pilotage qui a pour mission de lancer un Observatoire francophone dont l’objet principal est le genre dans les milieux universitaire et éducatif. « Celui-ci permettra l’élaboration d’un état des lieux de la situation des femmes dans les établissements d’enseignement supérieur et de recherche en se basant sur des indicateurs spécifiques à l’espace francophone, afin d’y impulser des politiques favorisant l’égalité et d’en mesurer l’évolution dans le temps », note encore la présidente du Resuff.

Investir dans la jeunesse

Leila Saadé, qui est la fondatrice de la filière francophone de droit de l’Université libanaise qu’elle a dirigée de 1996 à 2011, œuvre depuis des années pour véhiculer les valeurs de laïcité, de tolérance, d’humanisme, d’égalité des genres et d’égalité des droits, des devoirs et des chances. D’ailleurs, c’est en raison de son engagement à la filière que l’Université libre de Bruxelles lui a accordé le doctorat honoris causa en 2008. Pour la présidente du Resuff qui a été nommée « Personnalité de l’année 2018 » par le Cercle des dames franco-libanaises à Paris, la jeunesse, porteuse du flambeau de l’avenir, doit tout naturellement être sensibilisée à l’égalité des genres. « Il est plus que jamais nécessaire de dénoncer les stéréotypes et les préjugés sexistes afin de lutter contre toutes les formes de discrimination, les violences faites aux femmes et le harcèlement », affirme-t-elle. Pour ce faire, il faut, indique la présidente du Resuff, « dépouiller la pédagogie, les méthodes d’enseignement et les instruments éducatifs des préjugés possibles et véhiculer une culture de l’égalité à travers des formations, des conférences, des tables rondes et des cours relatifs aux droits de l’homme et du citoyen, à l’égalité des droits et des devoirs, à l’égalité des chances et à l’égalité entre les femmes et les hommes, tous domaines confondus, aussi bien dans les textes que dans l’application qui en est faite ». De même, la professeure de droit à l’UL souligne qu’il est important, en plus de favoriser et partager les bonnes pratiques, d’aider les jeunes femmes à développer leurs capacités personnelles de leadership. Leila Saadé espère enfin que ces dernières continueront à avoir de grandes ambitions et à faire preuve d’une détermination sans faille pour s’engager dans des études longues et accéder à des postes de responsabilité. « Refusez les compromis même si la pression se fait très forte, persévérez, ne doutez pas de vos capacités et ne permettez à personne de les remettre en cause. Cultivez la solidarité entre vous, organisez-vous en réseau, car à plusieurs vous serez plus fortes pour lutter contre les stéréotypes et les discriminations subies, mais aussi choisies », conseille la présidente du Resuff aux étudiantes libanaises.

Site web du Resuff : https://resuff.org/

Source : L’orient-le jour

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